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Le retour au nid du jeune Circaète

Qu'un aiglon ayant quitté son nid, y retourne régulièrement,  voila qui n'est pas banal.  Voler de ses propres ailes a toujours été le symbole de l'émancipation irréversible ; pourtant nous avons observé et filmé les incontestables retours  au nid du jeune Circaète Jean le Blanc longtemps  après son  premier envol pourtant impatiemment attendu.

 Ce comportement n'avait, jusqu'ici, jamais été  mis en évidence , jugé, sans doute,  anecdotique ou insignifiant.

A priori , on aurait pu justifier ce retour du jeune par le besoin de retrouver un certain confort passé ou la recherche d'une stratégie pour inciter ses parents à continuer à le nourrir; c'était cela le plus vraisemblable, mais nos observations ont montré autre chose d'inattendu.  En fait, ce n'est pas le jeune qui retourne au nid, c'est l'adulte qui y apporte sa proie, il contraint ainsi le jeune à le suivre et le devance parfois d'un court moment d'attente.  

Nous avons vu l'adulte rechercher très loin son aiglon vagabond et l'inciter à le suivre  jusqu'au lieu de sa naissance.

Arrive un jour, fin Septembre, ou,  comme cela a été dit  (Alauda 52(3) 1984 "comportement pré migratoire du jeune Circaète ") le jeune quitte son vallon, à la rencontre d'autres jeunes ce qui déclanche le départ en migration des adultes. Ceci a pu être observé et filmé en Gironde le 26 Septembre 2003. Le male, attendant vainement l'arrivée du jeune, est finalement contraint de consommer le serpent apporté ce qui n'avait jamais été vu jusque là.

Conclusion: Comme souvent les serpents sont encore vigoureux ou simplement agités de  convulsions longtemps après leur capture, le Circaète éviterait le plus souvent de les déposer sur une branche d'arbre ou même sur le sol ou il pourrait ramper, alors le fond du nid , tapissé de branches vertes feuillues, est idéal pour le laisser ; malgré tout certains s'échappent parfois .

 Le comportement observé n'est donc pas une fantaisie mais une nécessité. Il faut ajouter que, contrairement aux proies habituelles des rapaces, un serpent ne s'avale pas dans n'importe quel sens, il ne peut donc pas être transmis directement de bec à bec, il doit faire une pose par terre pour changer de sens.

  Mène avalé dans le bon sens, il faut parfois plus de 10 minutes d'efforts à la limite du possible pour venir à bout d' une grosse couleuvre.

  Françoise Gérardin    , Yves Boudoint