BERICHTE DES VEREINS SCHLESICHER ORNITHOLOGEN
Nouvelle de l’association des ornithologues de Silésie
Octobre 1936
ZUR BIOLOGIE DES SCHLANGENADLERS
Viktor Zebe
Traduction par Yves Boudoint
NOTE DU TRADUCTEUR : Certains noms d’animaux et de plantes ont étés laissés en allemand pour éviter des erreurs de traduction.
Répartition
La région de reproduction du Circaète se trouve dans le sud riche en serpents mais n’atteint pas tout à fait,au nord, la limite de répartition de sa nourriture préférée: la Couleuvre à Collier, comme le précise BREHM (nouvelle édition de Werner) . Lorsqu’on cherche à établir cette limite, on doit malheureusement remarquer qu’à l’heure actuelle, on ne peut guère parler de limite de répartition au nord, car beaucoup de présences doivent être considérées comme disparues. Grâce aux anciennes observations publiées, on peut imaginer une limite dans laquelle la nidification est au moins possible.
Le parcours de cette limite est environ le suivant: venant des Pyrénées,elle traverse la Gironde près de la côte jusqu’a la région de la Loire , la, elle s’incurve fortement vers l’Est et traverse la France par Le Mans, Melun, Chalon sur Marne et Nancy; continue par le Luxembourg, le Rhin moyen, traverse la province de Hanovre environ au 55° degré de latitude; de là, elle se plie à nouveau, passe au sud de la Côte (Ostsee) par Mecklenburg, Poméranie, Prusse Orientale et Occidentale, suit parallèlement à la côte de la mer Baltique et tourne fortement vers le Nord en Estland et dans la région de Léningrad, passe par le 60° parallèle, puis redescend vers le Sud, passe par Novgorod, Kostroma et Kasan, traverse l’Oural et s’enfonce dans la Sibérie au voisinage du parallèle 52 ou 53, . En Mongolie et Mandchourie, le parallèle 50 n’est à peine dépassé.
Pour toutes les régions au nord de cette limite, on n’a aucune preuve de nidification même si on rencontre parfois des Circaètes. Cette limite suit à peu près la côte jusqu’à la Baltique sans toutefois atteindre la Mer ( sauf pour la rencontre de nidification faite par Neumann à Rûgen dont je n’ai pas trouvé la preuve dans la littérature ).
Le fait qu’on ait vu passer une seule fois les Circaètes pendant les migrations d’Automne sur la Scandinavie et l’ Angleterre ( Octobre 1918 à Skabersjö) montre que la Mer du Nord et l’Ostsee doivent ètre des obstacles infranchissables car ils devraient pouvoir trouver dans le sud de la Scandinavie,des possibilités de nicher et de se nourrir. Le fait que, même à l’époque de Gätzes, ils nichaient très rarement à Héligoland et fut observé une fois sur les îles voisines de la terre ferme (Borkun,Fehman,Hiddensoe) montre une certaine crainte de la mer et prouve qu’il s’agit d’un animal plutot continental.
Dans le Sud, les choses sont différentes, comme en Italie: sa nidification par exemple sur Malte l’indique.
En France, je remercie Meylan de ses communications épistolaires sur ce sujet, le Circaète est régulier nicheur au dessous de la Loire; il n’est pas rare dans certaines régions de Bourgogne comme dans les basses et moyennes montagnes du Sud et du Sud-Est de la France; il est même très fréquent comme l’indique son nom de Jean le Blanc. D’après Hughes (par lettre ), dans le Gard, sur 3000 Km², 50 couples, soit un tous les 60 Km² ; dans une petite région, au nord de Nîmes, il comptait 8 couples sur presque 200 Km². Malgré des changements certains, les chiffres de 20 à 30 couples donnés par certains auteurs pour toute la France sont certainement faux.
Le nombre de Circaètes dans le bas Languedoc, depuis 1909 et dans le Dauphiné depuis 1912 a augmenté et continue. En Champagne, il augmente depuis 50 ans après avoir diminué. Meylan dit que les Circaètes ont augmenté dans la Suisse sud-ouest et à la frontière Française voisine; P. Paris l’affirme aussi pour la Bourgogne.
N.D.T. passage pour la Russie non traduit...
De tout cela,il ressort que la limite de nidification du Circaète est peu variée. En gros, seules les possibilités de terrain de chasse suffisamment propices des contrées sud, quoique non exclusivement des régions montagneuses,, des régions suffisamment sauvages et des vallées ,semblent déterminer la préférence.
En Hongrie, d’après Petenyi , il est présent aussi bien dans les montagnes de la basse Hongrie que dans le plaines de Danube, du Theiss et du Drau. En France il est présent aussi dans les plaines et dans les montagnes jusqu’a 1200 à 1500m mais manque dans les hautes montagnes. Dans le Caucase, Swetkow l’a trouvé à 1300m mais croyait, qu’en raison de la nourriture, il nichait plus bas. Dans le Monténégro, le Circaète fut vu à 1900m (neige) . Les Circaètes abattus dans le Tyrol et chez les Sudètes montrent que, même dans nos régions, il ne va pas en haute montagne.
L’ éparpillement de la présence des nids de Circaètes est extraordinaire; ceci est naturel à cause de la particularité de sa nourriture et de sa faible densité; peut-être aussi échappe-t-il à la vue de sorte que de nombreux nids restent inconnus et , même dans notre pays, on n’est pas tellement renseigné.
Comme migrateur, on trouve le Circaète partout en Allemagne; il passe, il est vrai, rarement mais partout ça et là et régulièrement. Au 20° siècle, il n’y a eu , en Allemagne, que deux nidifications signalées dans leTucheler Heide et en Silésie; on doit admettre que beaucoup sont morts à la suite de la guerre ridicule menée contre les « becs crochus « , depuis l’Aigle Royal jusqu’au pauvres petits faucons, heureusement chez nous moins qu’ailleur.
Les anciennes observations de Circaètes pourraient être utiles car, plus d’un indice témoigne de son extrême fidélité au nid.
Hughes m’écrit que l’emplacement d’un nid dans le sud de la France avait été utilisé plus de 25 ans malgré que les deux adultes ait été abattus plusieurs fois. En Allemagne, dans la région de Flensburg, des Circaètes furent signalés en 1852,1882,1892, chaque fois pris ou abattus. Près de Strasbourg, il fut trouvé en 1881,et en 1885 au même endroit pres de Ritsch, tué et retrouvé en 1889. Près de Kreyern ( près de Moritzburg) , on l’a trouvé en 1888 et en 1934.
Bien que ces dates ne représentent pas toujours des nidifications, la chose est quand même remarquable. Sa présence en Silésie semble ètre vieille: une nidification et destruction en 1918; un oiseau est présent en 1920 et j’ai retrouvé sa trace en 1928; je l’ai suivi jusqu’en 1932. Depuis des travaux de regroupement de documents par Nauman et Hartert et par quelques chercheurs russes ( Grawilenco ) n’ont apporté à peu près aucune précision nouvelle sur ses habitudes bien qu’un grand nombre de descriptions d’oeufs et de destruction aient été signalées. En Eté 1936 je visitai un ancien nid dans le moyen-Rhin, les vallées très propices, pleines de serpents auparavant, sont maintenant sans serpents; il faut alors se demander si la nourriture serait suffisante pour un couple; en tous cas on y rencontre encore des Circaètes de passage.
PREMIERE RENCONTRE
Depuis 1938, j’étais sur sa trace; cette année là et les suivantes, nous trouvions régulièrement, à certains endroits de la foret, des plumes et quelques « Gewölle » (N.D.T. peut-être duvet ou des pelotes de déjection bien qu’on n’en trouve pratiquement jamais dans le Massif Central. Il a été observé et filmé, en 2003, que le jeune déchiquette et ravale la pelote) . Ces plumes , de dimensions inhabituelles, laissaient supposer quelque chose de tout à fait intéressant. Mon premier soupçon qu’il s’agissait de Circaète, me vint quand je comparais ces plumes avec celles des individus du musée de Breslau, mais les recherches qui suivirent ne donnèrent pas d’indices que les oiseaux y étaient demeurés au même endroit et nous conclûmes qu’il s’agissait de passagers.
(N.D.T. Breslau est la seule indication donnée par Zebe sur l’endroit de ses observations et encore c’est très imprécis et compliqué. Le mot de Silésie ne figure pas dans l’index de l’Atlas du « Reader’s Digest » qui pourtant comporte 35000 références; la Silésie est le bassin du fleuve Oder que se disputent 3 pays: l’Allemagne,la Pologne et la Tchécoslovaquie qui se la partageaient au gré des guerres; actuellement Breslau est en Pologne est s’appelle Wroclaw .)
Un Dimanche de Paques 1932 apporta enfin l’assurance qu’il ne s’agissait pas d’oiseaux de passage. C’était le 15 Mai; nous approchions d’un marais buissonneux , très sauvage, surmonté de Pins échevelés et de Moor Kiefern élevés. Dans une clairière nous surprîmes, de très près,deux puissants rapaces en vol de jeux aériens; la longue queue rappelait la Bondrée bien qu’elle possédât nettement trois bandes noires caractéristiques du Circaète. Les oiseaux faisaient des orbes, puis partirent ensuite avec les ailes fortement pliées en rapide piqué derrière la clairière vers de hauts Pins . A l’endroit proche déjà connu,nous trouvâmes des quantités de plumes des pelotes et des écailles de serpents. Naturellement nous avons visité tout le secteur et avons rencontré une autre fois les oiseaux et observé l’un en plein soleil à 50 mètres; il nous regardait du haut d’un Pin élevé tranquillement avec un visage qui ressemblait à une chouette, avec deux yeux flamboyants jaunes dirigés fortement vers l’avant de sa grosse tète; de son dessous blanc clair,seul le plastron sombre était excepté; parmi les plumes du ventre et de la poitrine,il s’en trouvait de plus sombres que nous avions déjà remarquées dans celles trouvées à terre. Les pattes et le bec étaient gris. Lorsqu’il s’en alla, le dessus parut brun olive et le profil puissant et aquilin, plus de doute, c’était lui !
A partir de ce moment là, il n’y eut plus qu’un but: le Circaète.
Semaines après semaines, chaque morceau de foret fut exploré, tous les nids connus et nouvellement trouvés furent visités et, fin Mai, les deux aigles s’envolèrent en même temps du même nid. Nous crûmes être arrivés au but mais aucun signe de couvaison ne fut hélas observé par la suite. Toutes les recherches demeurèrent vaines.
Malgré tout la peine ne fut pas perdue, grâce à la découverte , pendant tout l’Eté de plumes, il fut possible de repérer les places de repos ou d’attente: c’était, le plus souvent, les bordures ouest de petites ou grandes clairières. Ainsi, jusqu’en Aout, nous poursuivîmes le places favorites du Circaète mais , par la suite, tout se perdit et nous trouvâmes des plumes à plus de 2 Km du lieu du mois de Mai
L’expérience des années suivantes fit apparaître la période de ponte vers la deuxième moitié de Mai, soit très tard, mais s‘il y avait eu ponte, le couple aurait du se fixer à un endroit et un lieu bien déterminé; peut ètre y a-t-il eu une tentative qui échoua par suite d’un oeuf mauvais, ou alors, la femelle était immature.
En Eté de cette même année, je vis un jeu en vol ressemblant à un vol de pariade: en piqué, un oiseau se posa sur un Pin, brisa une branche, la porta dans le bec d’ou il la laissa tomber; ou bien l’autre lui prit la branche en volant en dessous mais la laissa tomber lui aussi. Les trois années suivantes, il y eut une reproduction réussie.
LE CANTONNEMENT
Sans fin s’étend la foret de Silésie, y dominent, les Pins de tous ages parmi lesquels quelques îlots de Fichten. Cà et là, des surfaces de prairies, avec des groupes d’arbres, rompent la monotonie de la foret. malgré quelque clairières, il est rare de pouvoir contempler beaucoup de ciel, de sorte que lors qu’un oiseau apparaît, il disparaît rapidement derrière la cime des arbres.
La région est riche en eau: des étangs, des fossés, une petite rivière; mais il y a aussi des lieux secs: d’anciennes dunes portant des Kiefer mais de faible hauteur, utilisés par les Circaètes comme perchoirs de repos.
Là vivent de nombreux animaux: milans noir et royal, cigogne noire,grue,buse, bondrée, autour, épervier qui nichent dans le secteur.
Les animaux ayant un rapport avec la nidification ou l’alimentation des Circaètes sont très inégalement répartis; en premier lieu, la Couleuvre à Collier habite les rives et les clairières et évite la foret fermée; la Vipère est peu répandue, les Kreuzotter sont plus fréquents sur les sols marécageux; on rencontre rarement les Blindschleichen, par contre, les grenouilles, les Unken, les Erdröten et moins, les Grasfrösche peuplent en masse le trous d’eau et les prairies humides. Seuls quelque bucherons ou forestiers vont dans la grande solitude des lieux; en Eté, il ya des Schwärme de Stechmucken et des armées de Bremsen. Une telle région doit présenter une bonne quantité de lieux favorables à la nidification des Circaètes, ce n’est, en somme , que le biotope de la Couleuvre à Collier.
( N.D.T. suit une citation d’auteurs décrivant des biotopes ... )
L’EMPLACEMENT DU NID
Notre nid de 1933 se trouvait dans un bois clairsemé de vieux Kiefer parsemé de
Fichten contre lequel croissait un morceau de prairie en forme de langue. De vieux et de récents nids de Buse et d’Autours témoignaient qu’il convenait aux oiseaux de proie tandis qu’ils évitaient d’autres endroits qui paraissaient tout à fait semblables.
Le arbres rompus par le vent avaient dessinés une clairière de 60 m sur 20 m et seuls, quelques pins rendaient le ciel moins visible.
Le sommet d’un Pin de 20m de haut, pas très gros, portait, caché, un petit nid vraisemblablement construit par les Circaètes eux mêmes car trop haut pour une Buse ou un Autour et pas assez couvert au dessus. Ce ne pouvait ètre,non plus, un ancien nid de Corneille car elles ne nichent pas dans cette foret.
Le nid ne fut pas utilisé en 1934, le mouvement de boucherons dans une coupe voisine en fut peut-être la cause ( le dernier Hiver, toute cette portion de la foret fut abattue ).
Ensuite les Circaètes s’installèrent dans un coin de foret situé à 1Km de là que j’avais déjà remarqué être propice; à cet endroit,quelques vieux Pins dominaient des Pins et Sapins de 30 ans; un tapis épais d’herbe et de mousse couvrait le sol humide; depuis quelques années, il est devenu complètement sec. On y voyait régulièrement le renard; il y avait comme un souffle de vie dans ce coin de terre perdue; peut-être la présence du Circaète indiquait aux autres oiseaux que ce coin était à l’abri du travail de l’homme à cause de son sol et de son climat. Le Pin était bien un Pin digne d’un Aigle bien qu’il ne fut pas le plus haut. Ce nid , à 16 m de haut, je l’avais déjà remarqué les années précédentes comme étant probablement un nid de Circaète; les autre rapaces ne nichent pas de façon si dégagée; Dieu sait combien de fois ils l’avaient utilisé ; ils y nichèrent en 1935.
Comme arbres sur lesquels nichèrent des Circaètes, on peut citer les Pins, les Sapins en montagne, rarement les Fichten, dans le Sud, des feuillus: Chêne Ahorn, Esche,Tilleul. Hughes cite, dans le Gard le Quercus Ibex sur lequel le nid se tient sur de petits troncs surtout s’ils ont la tète tronquée , ou encore sur Juniperus oxycedrus ou sur de forts Aleppo Kiefern.
La hauteur du nid est très variable, Meylan écrit : de 3 à 30 mètres. Au Salève, le Circaète nichait en 1934 sur un petit Sapin. Schnitnikow parle d’un nid situé à 7 m de haut sur un Pin. Dans l’Atlas, sur des buissons de 1m50 à 2m50 ou même sur des rochers de sorte que l’on peut voir dedans. Même , si c’est nécessaire, il construit à terre; Grawilenco en cite un dans la foret de Poltawa , entre les racines d’un arbre d’ou le jeune réussit.
( N.D.T. Nicher au pied d’un arbre, cela parait étonnant; Il n’est pas rare que le nid s’écroule de l’arbre ou il a été construit et le jeune tombe à terre ou il continue à être approvisionné par les parents )
Tout dépend des possibilités offertes par les lieux; Menzbier tua une femelle présentant une plage de couvaison, dans une région ou il n’y avait pas d’arbres, rien que des buissons.
LE NID
Il est particulièrement petit pour un si gros oiseau: 50 à 60 cm de sorte que la queue et la tète de l’oiseau dépasse. A la base, il y a des branches grosses comme le doigt et , au dessus, des branches plus fines, le centre du nid est petit et très plat; la présence de branches vertes est connue.
Löwis obtint deux oeufs que la tempête avait fait tomber du nid, le premier à cause de la platitude du nid et , dans le deuxième cas, il devait s’agir d’un nouveau nid. Le nid que j’ai observé ( le deuxième ) avait à peu près 25 cm de hauteur, il n’était pas photographiable; alors que les auteurs russes disent qu’il niche de préférence sur les branches latérales, tous les nids que j’ai trouvé étaient sur la cîme du Pin, très peu étaient sur le côté du tronc, en général cachés de la vue par en dessous. D’en haut, la vue s’étendait sur la foret et l’arrivée et le départ n’étaient pas gênés. Au printemps 1934, les oiseaux avaient recherché un nouvel emplacement sur l’arbre ou couchait le mâle mais ils l ’avaient de nouveau abandonné.
La petitesse du nid s’explique parce qu’il n’y a qu’un jeune à supporter. Les branches, relativement petites, sont apportées dans le bec, il ne serait pas possible d’en apporter des grosses autrement que dans les serres comme le fait l’ Aigle Pécheur. Le nid ne devient rarement une énorme construction comme c’est la règle chez les autres grands rapaces.
L’ARRIVEE
Déjà tôt, au milieu ou à la fin de la première moitié d’Avril, les Circaètes arrivent en Silésie dans le secteur de leur nid; cependant, en 1933, ils furent signalés le 22 Avril; en 1934 j’ai trouvé le 6 Avril des plumes fraîches. Pour Avril 1935, froid, la découverte de pelotes ,de plumes et de Geschmeiss sous leurs arbres préférés trahit leur présence à la date du 16 Avril bien qu’on n’ait pas vu les oiseaux. En 1936, je les vit pour la première fois le 12 Avril. Pour Poltawa, Gravilenco donne entre 1920 et 1926, le plus tôt 27 Mars 1924 et le plus tard 11 Avril 1920. A Strasbourg, il fut signalé fin Mars et il n’est pas extraordinaire qu’il soit signalé en France en Février.
( N.D.T. une grande partie du texte qui précède et qui suit, peut donner au lecteur l’impression erronée qu’on peut impunément parcourir les environs du site de nidification quotidiennement sans déranger les oiseaux ni les inciter à déménager, si ceci n’est pas complètement exclus en foret plate, par contre,en terrain accidenté, on est repéré et fui de loin )
PRISE DE POSSESSION DU NID
Les vols de pariades caractéristiques, comme ceux vus en 1932, ne furent plus jamais revus les années suivantes. Les Aigles volaient ou chassaient ensemble,se bagarraient avec les buses,apportaient des serpents au voisinage du nid ou se perchaient immobiles. Il y avait seulement de courts moments ou ils étaient visibles, aussi des vols de pariades auraient pu ne pas ètre visibles. Grawilenko a noté que les oiseaux se signalaient au voisinage de leur nid par des vols de pariade mais pas toutes les années.
Lorsque , le 19 Avril 1935, j’arrivai vers le nid de l’année précédente, le mâle s’enfuit devant moi; quelques vieilles plumes et des branches défraîchies à terre témoignaient qu’on faisait le ménage la haut. Les jours suivants, c’est à peine si je vis un Circaète, mais des plumes et des Speiballen témoignaient qu’ils fréquentaient toujours le secteur. Le 28 Avril, un oiseau était assis immobile sur le nid, enfin , à 9h45, il appela et aussitôt le deuxième apparut qui se posa sur la cime d’un arbre d’attente , c’était la femelle; alors le mâle se remue et montre le traditionnel bout de sa queue qui dépasse puis va tenir compagnie à la femelle, celle çi se baisse et semble évidemment prête à l’accouplement; le mâle monte sur son dos, les ailes battantes mais cela resta seulement une tentative; la chose se fit si vite que nous ne pûmes pas nous cacher convenablement; le mâle s’enfuit et la femelle alla au nid. Vers 11h le mâle se remontra en attente, il appela ki li ö, la femelle ne bougea pas; à 15h30 la même scène se répète.
Très rapidement, ce nid avait été adopté, presque le même jour qu’en 1934, tandis qu’en 1933, la première fois , seulement le 13 Mai, je trouvai un oiseau au nid; couvait-il déjà ? ou bien, un violent désir de couver le poussait-il à s’asseoir sur le nid vide, je croirais plus volontiers la deuxième hypothèse, pourquoi la ponte de l’oeuf et le désir de couver commenceraient-ils le même jour, que signifierait aussi un désir d’accouplement après la ponte de l’oeuf.
La couvaison commence chez nous fin Avril ou début Mai; la plus tardive de 1933 pouvait peut-être celle d’une jeune femelle lors de sa première ponte. En Hongrie, la ponte a lieu fin Avril; en Afrique du nord, Grèce et sud de l’Espagne, la ponte commence au milieu d’Avril.
Il n’y a toujours qu’un oeuf, la découverte de 2 oeufs semble due à une erreur de même que la découverte de deux jeunes en Roumanie.
LE COUPLE COUVANT
J’admet que ce fut le même couple qui couva pendant les trois ans d’observation; abstraction faite de la grande rareté des Circaètes, cette manière de voir est confirmée par le fait que ce sont les mêmes arbres qui étaient fréquentés tout de suite à l’arrivée des oiseaux, d’autre part les voix et les habitudes particulières au nid, chez le mâle aussi, un trou dans la moitié droite de la queue était le même chaque année.
DESCRIPTION DE L’ASPECT EXTERIEUR
Notre oiseau, comme tous ceux de l’ouest de l’Allemagne, a la forme décrite par Hartert, dont la tète et la poitrine sont brunes, ces parties tranchent sur les autres qui sont blanches parsemées de brun; le dessus est nettement bicolore.
La tète est particulièrement massive; cela vient de sa constitution osseuse; le bec est très large et montre un très fort aplatissement, il n’est pas couvert de plumes et donne au dessus de la tète, un profil presque rectangulaire. Les petites plumes qui partent de l’oeil,se développent loin vers l’arrière de la tète en forme de feuille et donnent l’impression que les yeux, comme ceux des chouettes, sont fortement dirigés vers l’avant. Des poils bruns, qui partent à la naissance du bec en se dirigeant vers l’arrière en suivant les sourcils proéminents, contribuent à augmenter cette impression.
Parmi les crânes de rapaces que j’ai eu entre les mains, celui du Circaète se rapproche le plus de celui de l’ Archibuteo, de même pour la manière dont elle est recouverte de plumes. Ce crâne très diffèrent des crânes des autres rapaces, indique peut-être que, chez un oiseau qui transporte ses branches au nid exclusivement avec le bec, une forte musculature et une forte surface d’action sont nécessaire.
( N.D.T. La tète du Circaète diffère de celle des autres rapaces pour les raisons suivantes: ses yeux sont plus gros et dirigés vers l’avant, une exceptionnelle mobilité de la tète par rapport au corps est utilisée dans le vol stationnaire, la présence prolongée d’un serpent très gros dans le conduit de la bouche ne doit pas gêner la respiration, enfin la présence de muscles de dégurgition particulièrement performants. Il est inexact que le transport des branches, au demeurant plutôt légères, soit fait toujours par le bec.)
On se rend particulièrement compte de la force de son bec, lorsqu’il retourne au nid avec plus de 50cm de serpent pendant « und durch reichlichen speichelfluss schüpfrig geworden , zu entgleiten draht ».
L’oeil à l’iris flamboyant, incomparablement beau, jaune foncé, est entouré d’une couronne de plumes; on dit que c’est le plus gros de tous les oiseaux de proie, pourquoi si gros ? nous ne savons pas, mes 4 années d’observation ne me donnent pas de précision à ce sujet, on pourrait penser que le Circaète soit d’activité nocturne pourtant, au contraire, il ne recherche la nourriture que pendant les heures les plus claires de la journée.
Le plumage du visage est plus clair que le reste de la tète, ainsi la bète prend l’aspect d’une chouette surtout lorsque elle hérisse ses plumes de la tète, mais cela n’a pas lieu souvent; lorsque l’oiseau n’est pas inquiet, il apparaît très différent et sa tète ressemble à la Buse et n’est pas très différente de ce qu’on a l’habitude de voir chez les autres rapaces, d’ailleurs les regards les plus remarquables chez les rapaces sont obtenus lorsqu’on éveille chez eux l’ouie ou la vue en les inquiétant, par exemple au moment du déclic de la caméra.
Inutile de dire que l’acuité de son oeil est supérieure à celle de tous les autres rapaces. Le camouflage contre la vue est plus facile que contre l’ouie. Lorsque pour la première fois je pris une photo, la mère regarda immédiatement dans la direction du bruit, on aurait cru qu’elle allait me transpercer du regard, cela ne m’étonna pas mais, malgré de nombreuses répétitions, elle se tranquillisa rapidement, mais je n’aurais pas cru, avant de l’avoir expérimenté par des bruits très faibles comme le crissement des pieds dans les bottes ou les craquements des os, que le Circaète soit si sensible d’oreille. De forts soufflements ou bruits de toux semblaient ne faire à l’oiseau peu ou pas d’inquiétude, par contre les bruits de bois cassés sur les mauvais chemins ou les échos des bûcherons qui lui parvenaient pouvaient l’inquiéter. En vol, sa rapidité de réflexe se montrait avant que moi même j’eusse entendu le coup de feu.
( N.D.T: Ceci, qui a pourtant été constaté très souvent, parait impossible, il *convient d’en rechercher une explication. Tout d’abord, il se peut que l’oiseau *soit plus proche du fusil que ne l’est l’observateur, et comme le son se *propage relativement lentement, une différence de seulement 100 mètres *introduit un retard de un tiers de seconde, plus qu’il n’en faut pour amorcer une *esquive avant que le bruit du coup de feu parvienne à l’observateur. D’autre *part, si la vision par l’observateur de l’esquive a précédé, même de très peu, *l’audition du coup, le cerveau enregistre une anomalie importante car il a eu le *temps de s’étonner de la présence de l’esquive, ce n’est pas le délai qui est *long, c’est la disposition du cerveau qui est faussée.
*Les Circaètes ne réagissent aucunement aux coups de tonnerre, donc pour *que l’esquive se soit imposée, il a fallu qu’elle entre dans la loi de sélection *naturelle et donc qu’elle soit efficace. Lors d’un tir à 40 mètres, le retard des *plombs sur le bruit est de l’ordre de 6 centièmes de seconde , dans les *meilleures conditions, on peut en espérer une esquive inférieure à un mètre, *est-ce suffisant pour la rendre efficace ? Une autre mode de sélection de ce *comportement serait la survie des oiseaux légèrement blessés . Quoiqu’il en *soit les jeunes ont ce comportement inné pourtant les armes à feu n’existent *pas depuis tellement longtemps et il est invraisemblable que la sélection ait pu *déjà aboutir à quelque chose d’inné. Une tout autre façon d’envisager la *question est d’admettre que tout évènement soudain provoque depuis *toujours fuite et esquive... sauf la foudre; et la foudre,elle, a eu le temps de se *rendre innée )
Nous savons peu de choses sur l’ouie des rapaces diurnes, elle passe pour être très bonne, ce qu’établit aussi les expériences de Siewert mais est-elle chez tous développée de la même façon ? A quoi peut bien servir à un animal dont la vue est capable d’observer le moindre mouvement et ainsi se trouve protégé contre l’arrivée d’intrus,( N.D.T. à cause de la spécialisation de sa vue *binoculaire vers l’avant, le Circaète voit plutôt mal sur les côtés, il est donc *mal protégé contre l’arrivée d’intrus) d’avoir une ouie si fine et si apte à déterminer la direction du bruit et dont la puissance des oreilles est encore augmentée par la disposition spéciale des plumes au voisinage de leurs ouvertures; cette ouie si fine ,joue-t-elle un rôle pour la chasse ? Lorsque la foret , en Août, devient de plus en plus silencieuse et que chaque bruit en parait d’autant plus fort, l’ouie très fine de l’Aigle m’obligeait à me méfier continuellement et le bruit de ma caméra résonnait bien diffèremment de celui du cri du jeune ou celui du vent.
Le plumage est abondant et mou, le duvet est particulièrement long et fait l’objet de soins très fréquents que lui donnent les oiseaux.
LA MUE
Pendant tout l’Eté elle est très forte et la découverte de plumes conduit même l’aveugle sur leurs traces. Les grandes rémiges sont admirables avec leur longueur de près de 48 cm et les plumes du bras de 7 cm de longueur; le dessous de celles de la queue reproduit les trois bandes sombres typiques. Les plus étonnantes sont les plumes de duvet qui pendent en masse dans l’herbe et dans les arbres. Autour du nid, les plumes de duvet blanches jouent dans le vent et, en Juillet, il y eut des jours ou le nid était comme entouré par une couronne de plumes de duvet, ce n’était pourtant que les plumes de la femelle.
La chute des plumes était parfois étonnamment forte: le 14 Mai 1933, bien que la veille j’eusse fait une récolte riche, il y en avait déjà à midi un grand nombre et lorsque je revins 2 heures après, il yen avait encore de nouvelles.
Comme les plumes provenaient de deux adultes, il fut impossible d’étudier dans quel ordre elles tombaient, toutefois, il semble que la mue des rémiges présente deux centres qui sont la première et la dernière. C’est aussi l’opinion de Sachtleben qui a étudié un Circaète mort. Les photos en vol montrent que les deux ailes ne muent pas symétriquement cependant, le 14 Mai 1933 je trouvai les rémiges homologues des deux ailes qui provenaient sans doute du même oiseau.
La mue commencea, en 1933 en Avril, elle fut très forte dans le troisième tiers de Mai et diminua ensuite, puis reprit dans la deuxième moitié de Juillet pour diminuer peu à peu . En Automne (? ) il était impossible de reconnaître les oiseaux au moyen des plumes manquantes car ils muaient tous les deux aussi fort mais pas simultanément. Toutes les plumes du corps durent changer cette année là, y compris le duvet et les petites plumes de couverture, peut-être à cause de la nourriture particulièrement abondante.
LE VOL
Sur le profil de vol, la queue relativement longue frappe l’oeil. Les ailes sont larges mais ne paraissent pas si ouvertes que chez les Aigles nobles, le coude est un peu plié mais pas tant que chez l’Aigle Pécheur. C’est au cours du vol en spirale que les rémiges sont les plus déployées, elles brillent en blanc lorsque l’éclairage est bon ainsi que le corps en dessous et l’on observe quelques taches brunes sous les ailes et le jabot sombre. Lorsqu’on voit l’oiseau par dessus, la transition entre le brun clair du dessus des ailes et le brun sombre des rémiges est frappant; la tète semble grosse ....
Pour le public la reconnaissance est difficile et a conduit à de malheureux coups de feu. Le vol battu est tranquille et le coup d’aile pas si profond que chez l’aigle pécheur, les orbes sont majestueuses bien qu’elles ne soient pas souvent utilisées ni longtemps soutenues. Toujours j’ai observé un piqué rapide lorsque l’oiseau voulait atteindre un but à terre; les ailes fortement pliées en arrière , il pique semblable à un Autour et à peine reconnaissable. J’ai vu souvent ce piqué chez le mâle lorsqu’il arrivait au nid, mais déja avant lorsqu’il jouait en vol ou lorsqu’il poursuivait un oiseau venu trop près de son aire ....
( N.D.T. suit une courte phrase non comprise ou il est question d’une habitude qui ressemble à celle de l’Aigle Criard )
LA VOIX
La belle voix du Circaète semble ne se faire entendre le plus souvent qu’au nid et encore, seulement s’il est entièrement rassuré. Les données de la littérature la dessus sont à peine utilisables.
( N.D.T. maintenant que ces cris enregistrés sont disponibles facilement, il est *vain de traduire ce passage surtout que les sonorités reproduites concernent *une autre langue que le français, je vais donc résumer ce qu’il ya lieu de *retenir)
Lorsque le mâle était très longtemps absent, il arrivait que le mère, qu’on pouvait croire impatiente appelle, après quoi, bientôt l’absent arrivait. Une fois elle était sur le nid attaquée par une Bondrée, elle cria fortement un cri particulier que le mâle répéta.
Un jour, pendant plusieurs minutes, les deux oiseaux donnèrent un concert sans raison apparente, ou se mélangeaient le ton sonore du mâle avec les miaulement non mélodiques de la femelle.
Lorsque le jeune était presque adulte, si quelque chose n’allait pas, il donnait un puissant cri d’alarme, mais , le plus souvent, le calme absolu régnait dans ce coin de foret.
LES SEXES
Une différentiation des sexes par la grosseur ou la couleur fut impossible en liberté. J’ai trouvé en 1933 deux rémiges identiques et du mène côté qui provenaient forcément de deux oiseaux différents donc du mâle et de la femelle; elles étaient de longueur différente mais faiblement
Cette année là, le mâle avait une poitrine tachetée plus sombre mais je ne remarquai plus cela les années suivantes.( N.D.T. Zebe nous surprend en *écrivant cela car, dans nos pays, la différence de plumage entre mâle et *femelle est apparente). La différence de comportement, leur mue différente et leurs voix permirent une détermination des sexes à la suite de laquelle j’admettais que le plus occupé des deux à la reproduction était la femelle ....
LA RECHERCHE DE LA NOURRITURE
Sur la chasse des Circaètes et la capture des serpents,je ne peux me référer qu’a la littérature car, malgré ma peine, je n’ai pas d’observations propres.
Les lieux de chasse sont à environ un Kilomètre mais cela représente une grande superficie. On trouverait plutôt les oiseaux en chasse dans les terrains découverts. D’après Reiser il chasserait à l’affût perché sur les branches basses et pret à foncer en piqué sur la proie découverte comme les buses; Schmidt-Bey confirme ainsi. Mais le Circaète chasse aussi volontiers en vol et fréquemment en vol stationnaire décrit par Somow ...
Grawilenco raconte que par mauvais temps, les Circaètes volent bas au dessus du sol comme les Busards en revenant souvent à la même place, puis ils prennent un peu de hauteur et cherchent à se maintenir dans l’air et observer une proie, mais le plus souvent il bat des ailes sur place comme la Crécerelle, à grande altitude, en gardant la queue étalée et se jette ensuite, les ailes fermées, comme une pierre sur sa proie; très souvent il chasse dans les marécages.
Le forestier, Wegener (84 ans ) est un excellent connaisseur des Circaètes nichant dans la vallée de Kondel depuis des dizaines d’années, il m’assure avoir vu les Circaètes chasser comme le décrit Grawilenco, sur des terrains dénudés des Kahlschlägen des versants de la montagne (N.D.T. probablement des falaises calcaires.) ;lui aussi a remarqué le piqué qui conduisait l’oiseau à la proie; pendant la migration, il a vu jusqu’a 20 Circaètes à la fois. D’après Czynk, au contraire, le Circaète s’abaisse lentement sur la proie avec les serres fortement tendues.
Enfin, le Circaète chasse aussi à pied, Schmidt-Bey observa cette façon de chasser dans des campagnes dégagées et riches en serpents. « Un jour, j’en surpris un au bord d’une rivière et le vit marcher avant de s’envoler » . les longs tarsométatarses et les griffes émoussées signifient qu’il marche volontiers.
Warga écrit qu’il aurait observé sur un oiseau en captivité, un orteil destiné à la marche; G.Steesbacher à qui j’ai posé la question, déclare que le Circaète n’a pas de doigt extérieur plus développé que les autres rapaces. La façon de saisir les serpents n’a été observée que sur des oiseaux captifs; d’après Petenyi, les proies sont saisies derrière la tète et tuées à cet endroit par une morsure du bec; Von Czynk affirme que son oiseau saisissait le serpent derrière la tète avec une serre et au milieu du corps avec l’autre. Steinbacher a pu observer le comportement du Circaète au zoo de Berlin: il attrape le serpent avec les serres et se tient tranquillement sur lui qui se remue, alors il l’attaque avec le bec et le mord plusieurs fois à la tète; ainsi la mort semble arriver à la suite de ces morsures derrière la tète, c’est d’ailleurs ce que j’ai observé sur les serpents apportés au nid: blessures de la colonne vertébrale mais pas de blessures extérieures, il ne s’agit là que des serpents apportés eu jeune.
Les serpents sont avalés en entier la tète la première, jamais la tète ne manquait; ils étaient aussi ingurgités la tète la première par le jeune....
Il semble peu vraisemblable que les adultes agissent différemment pour les serpents qu’ils se réservent que pour ceux qu’ils destinent au jeune,surtout si on admet que les habitudes en manière de nourriture, comme d’ailleurs la plupart des manifestations extérieures de la vie, sont des actions instinctives; de même, il est invraisemblable que d’autres serpents ,comme les Vipères, soient maniés différemment. En Hiver,la grosseur des proies oblige peut-ètre à les déchiqueter, dans ce cas, l’ablation de la tète serait une habitude acquise par la suite par certains oiseaux, un espèce de self-dressage.
Sans exception, les proies sont apportées au nid dans le bec ou le jabot, le corps du serpent pend plus ou moins en dehors du bec; s’il dépasse de peu, cela ne signifie pas qu’il s’agisse d’un petit serpent car la plus grande partie du serpent peut se cacher à l’intérieur du jabot, mais, si une grande longueur pend, alors c’est que le jabot est plein.
*( N.D.T. Quand le serpent n’est par dans le jabot,il est tenu en son milieu par le *bec; il y a des indices selon lesquels ,dans ce cas, il aurait été extrait du porteur , par exemple le male, par la femelle, préalablement sur un perchoir voisin du nid car on n’a jamais vu un Circaète voler avec un serpent qui ne soit pas partiellement avalé ou entrain d’ètre avalé en vol tout de suite après capture.)
Il était étonnant que les serpents fussent si rapidement immobiles et mous,mais il arrivait cependant souvent que les couleuvres soient capables de remuer encore. Des proies trouvées mortes au pied de l ’arbre du nid , pouvaient être des serpent pas définitivement morts qui avaient rampé jusqu’au bord du nid et ensuite étaient tombées. Un jour,étant sous le nid, une couleuvre me tomba presque sur la tète, elle rampait et semblait n’avoir aucune blessure importante.
Les proies devaient ètre abondantes; une femelle arrivait parfois avec une proie un quart d’heure après que le mâle l’eut remplacée au nid. Même par temps froid et couvert, quand on n’aurait supposé aucun serpent dehors, ils en trouvaient mais quand même plus difficilement.
LA NOURRITURE
La nourriture principale, du moins pendant les mois chauds et autant qu’on puisse en juger par ce qui est apporté au jeune est ,chez nous , la Couleuvre à Collier, rarement j’ai cru entrevoir la courte queue de la Vipère. Je n’ai vu que rarement des Eidechsen des Blindschleichen ( lézards ? ) des grenouilles; je n’ai vu aucun jeune serpent qui sont pourtant en très grand nombre au début d’Août; peut-être passent-ils si vite dans le jabot qu’ils ne peuvent plus ètre régurgités. dans d’autres biotopes et à d’autres époques de l’année, le régime peut ètre différent; ainsi Zedlitz trouva le jabot d’un Circaète tué au mois d’Août rempli de lézards; Varvari trouva la Coronelle, l’orvet,la Verte et Jaune, Pelobastes fuscus et des petits sauriens, Putorius nivalis et taupes. Hughes remarqua à côté du nid, outre des couleuvres,des Eideschen,Kröten, lapins et, un de ses amis, des poils de chat. Il est probable qu’en Automne, le Circaète est forcé de chercher d’autres nourritures surtout les années ou les micromammifères sont nombreux,ainsi Wichler trouva dans des jabots,cinq souris et des insectes. Somow le vit chasser une souris dans le Caucase. Il est remarquable que aussi des oiseaux aient été signalés comme proie; Loudon raconte que , sur le bord d’un nid, il trouva un jeune Pipi des arbres. Grawilenko rapporte que lors d’un Eté pluvieux en 1925 des souris, de jeunes Grives, Tourterelles, Geais furent apportés. Si la prise des jeunes nichant à terre n’est pas étonnante, par contre il n’en n’est pas de même pour ceux nichant dans les buissons car cela suppose un genre de chasse invraisemblable pour un Circaète si l’on rejette l’idée de proies volées à d’autres rapaces.
Les insectes ne sont pas dédaignés; Menzbier cite les sauterelles. Chez nous, les Kerbtiere se trouvent en grande quantité dans les estomacs lors des migrations d’Automne, en Eté ce ne serait qu’un complément; proviendraient-ils des restes de ce qu’ont mangé les serpents ? ou sont-ils avalés par erreur ?
Le jabot doit posséder une extraordinaire élasticité pour contenir 2 ou 3 couleuvres grosses ou moyennes comme cela a été observé par moi même dans la nature ou sur des oiseaux tués. En captivité, le Circaète supporte très bien une nourriture à base de viande fraîche et saignante à condition qu’il recoive de temps en temps des grenouilles ou des reptiles. Von Czynk lui donnait de jeunes oiseaux, du foi, des rats des moineau et avec une telle nourriture , il se portait très bien comme les pensionnaires de Antonius qui recevaient de la viande de cheval, des volailles et une ou deux grenouilles par jour. D’après Antonius, les serpents morts et les Lurche ne sont pas acceptés
....
Tout cela montre que le Circaète n’est pas aussi spécialisé dans les serpents que l’Aigle Pécheur dans les poissons.
Les pelotes de réjection sont rassemblées sous l’arbre de veille et de repos, elles étaient en forme de sphère ou allongées et mesuraient 3 cm de diamètre et 3 à 6 cm de longueur pour un poids à sec d’environ 15 g, elles étaient surtout composées d’écailles de Couleuvre à Collier; comme os je ne trouvai que des os de colonne vertébrale agglomérés; en outre il s’y trouvait toutes sortes d’insectes (Käfer) et aussi un matériau filandreux.
( N.D.T. Suite à des recherches , a vrai dire occasionnelles, en 50 années, je n’ai jamais trouvé la moindre pelote sous l’arbre du nid dans le massif central )
Evaluons la quantité totale de Couleuvres à Collier, chez nous sa principale nourriture , capturées d’Avril à Septembre: si les adultes mangent 2 couleuvres chaque jour, soit en 180 jours= 720 couleuvres, et pour toute la famille plus de 1000 moyens ou gros serpents sans compter les petits serpents dont le nombre ne peut pas être estimé; il apparaît que peu de régions permettent un tel ravitaillement pendant longtemps; il faudrait aussi mettre en ligne de compte, les Cigognes, les Hérons, les Buses, les Loutres, les Igels et bien d’autres et même aussi les serpents que les hommes tuent.
Encore quelques mots sur la boisson et la baignade. Nauman cite le désir de se baigner en captivité. D’après Brehm, les Circaètes boivent régulièrement dans la nature,; les bottes mouillées de la femelle à son retour au nid furent observées plusieurs fois. Grawilenco écrit que les jours chauds, le Circaète se baigne volontiers vers 11h, ensuite il secoue son plumage et va se sécher au soleil, il se poserait plutôt sur le sable de la rive que sur une branche même des jours ou il ne se baigne pas. Cependant il semble qu’en captivité,ils ne boivent pas ni se baignent.
LE COUPLE AU NID
C’et la femelle qui supporte la plus grande partie des affaires de l’élevage; elle se trouve toujours au nid, à part un ou deux remplacements par jour, depuis le début de la couvaison jusqu’a 4 semaines après l’éclosion. Bien que la relève ait lieu souvent vers la fin de la matinée on ne peut pas parler d’une heure fixe pour cette action. Lorsque la relève à eu lieu le matin, le mâle revient en faire une autre au début de l’après midi, à midi, ou même avant midi ; Les conditions météorologiques et leur influence sur la recherche de nourriture ne jouent aucun rôle dans cet horaire, contrairement à ce que je croyais au début, car même par beau temps , l’horaire varie considérablement.
Lorsque le mâle à pris la relève, il peut rester 2 ou 3 heures jusqu’au retour de la femelle... Je n’ai rien pu établir au sujet d’un éventuel ravitaillement régulier de la femelle par le mâle lorsqu’elle couve. La relève a lieu sans bruit, ou alors parfois avec un espace de « conversation » . C’est la présence du mâle qui provoque la relève car, sans lui, la femelle n’abandonne pas facilement son nid, oeuf ou jeune, à moins de fort dérangement. Mais qu’est ce qui indiquait à l’adulte que son partenaire était disposé à la relève ? Chez le Circaète, ce n’est sûrement pas la vue du nid qui déclanche l’impulsion de couver, car le mâle vient souvent près du nid sans chercher à couver; ce n’est pas non plus la vue de l’oeuf non couvé ou du jeune après l’envol de la femelle, car il quitte le nid souvent quelques minutes après pour veiller à côté; il y a peut-être un instant spécial qui joue le rôle de déclencheur. Il n’était pas rare que la relève intervienne parce que la mère ne se tenait pas tranquille, impatiente, attendant son mâle qui probablement volait alentour, mais souvent aussi , la relève arrive de façon inattendue et soudaine et semble toute naturelle.
Le 26 Mai 1935 , le mâle se tenait au nid et la femelle partie, ainsi les rôles étaient échangés, il y eut un jeu étrange sûrement en rapport avec une relève qui avait eu lieu deux heures auparavant. Vers 10 h, le mâle s’est envolé et se tenait en attente et faisait sa toilette, alors il commença à crier Wi- ö, après quelques minutes la femelle vint lui tenir compagnie , alors commença un échange de chants mélodieux et allongés, cela dura quelques minutes, puis la femelle alla au nid, le mâle partit et ne revint qu’a midi.
Voici comment j’interprète : Le mâle couvait depuis deux heures, il se leva, fit sa toilette et se mit à crier; la femelle arriva, lui répondit longuement et alla le remplacer. Ainsi il nous semble que la relève a lieu à la suite d’un changement dans le « visage » ou la tenue du partenaire imperceptible pour l’homme, c’est nettement une manifestation de l’instinct.
Toutefois la relève n’est pas toujours semblable; ainsi le mâle arriva au nid au commencement d’un orage ; on avait l’impression qu’il voulait relever la femelle bien qu’elle ait déjà fait une sortie le même jour, mais elle ne manifesta aucun désir de partir. patiemment, le mâle attendit que le mauvais temps passe sur lui et ,ensuite, il s’envola en criant un peu. J’ai vécu plusieurs scènes semblables.
Dans les premières semaines de la vie du jeune, les aller et venues étaient plus fréquentes mais la femelle restait rarement plus de 25 à 30 minutes absente; le mâle n’est pas si assidu, il quitte parfois le nid quelques minutes après la mère mais le plus souvent, reste dans le voisinage.
Lorsque le jeune était agé de 4 semaines, les oiseaux s’éloignaient fréquemment une à deux heures, la femelle n’attendait plus comme auparavant le mâle mais celui ci apparaissait rapidement après son départ, il nourrissait ( ?...) ou restait un court moment veillant au nid. La fréquence des vols de la femelle pendant cette période était irrégulière, ainsi, le 20 Juillet 1933 elle vint 5 fois en 11 heures et 4 jours plus tard, pendant le même temps elle ne vint qu’une fois, bientôt elle restait 3 heures ou plus absente. Sa vigilance se manifestait pendant ce temps par de longs et fréquents survols au voisinage. Ils surveillent leur nid aussi de très loin; facilement le jeune aurait pu ètre pris par l’Autour qu’on entendait dans le voisinage, pourtant il ne fut pas attaqué bien que les parents restassent 5 ou 6 heures invisibles.
Le ravitaillement, du moins dans les premières semaines de la vie du jeune , est l’affaire du mâle; il vient au moins trois fois par jour avec de la nourriture. Dans la deuxième moitié de Juillet et la première moitié d’ Aout, époque du plus grand développement du jeune, il en apporte plus souvent, jusqu’a six fois en un seul jour....Ainsi le 29 Juin 1935 , la femelle qui, toute la matinée, n’était pas partie à la recherche de nourriture, avait faim et voulait retirer au mâle une très grosse couleuvre, mais comme lui la destinait au jeune, il partit avec; depuis ma cachette , je ne pouvais malheureusement pas le suivre, mais je pense qu’elle obtint la nourriture demandée car elle revint quelques minutes après au nid.
Une autre fois, le 26 Juillet 1933, le mâle arriva au sommet d’un arbre avec une grosse couleuvre, elle l’appelait du haut du nid comme pour lui demander le serpent, mais il ne le lui donna pas et lui tourna le dos et alla vers le jeune à qui il le donna; la dessus elle s’envola . Une fois le mâle mangea lui même le serpent au nid.
Les 60 apports de serpents en 18 journées en 1935, donnent une idée à peu près exacte des habitudes des Circaètes, qui se distribuent de la manière suivante: jusqu’a 8h zéro
de 8 à 9h 3
de 9 à 10h 10
de 10 à 11h 8
de 11 à 12h 9
de 12 à 13h 12
de 13 à 14h 3
de 14 à 15h 3
de 15 à 16h 8
de 16 à 17h 4
de 17 à 18h zéro
L’heure préférée pendant cet Eté sec et chaud est entre 9 et 12h et aussi entre 15 et 16h. Aucun autre rapace ne devrait être plus dépendant des conditions météorologiques, ainsi les heures de distribution peuvent changer avec d’autres conditions atmosphériques. Ainsi, en 1934, j’ai observé des nourrissements avant 7h et après 18h; lors des après-midi froids et humides, pas de ravitaillement du tout, mais si à midi le Soleil perce alors on est sur de voir arriver peu après au moins un adulte avec une proie.
C’est le mâle qui s’occupe de défendre le nid. Zedlitz raconte une jolie scène: un corbeau et un milan voulaient voler l’oeuf face à un Circaète qui hérissait les plumes du cou et de la tète et qui , avec ses deux grands yeux jaunes, simulait un Grand Duc. Lorsqu’un gros oiseau se rapproche trop près du nid, la femelle, qui veille, commence habituellement à crier et déjà le mâle apparaît venu de je ne sais où et chasse l’intrus par de brillantes attaques en vol. ce sont surtout les Bondrées qui perturbent, poursuivent le mâle quand il va au nid et foncent sur lui , la femelle n’entreprend rien pour le défendre; si elle est sur le nid ,elle se contente de crier, si elle était sur un arbre, elle va au nid. Le mâle au contraire, part à l’attaque et la suit lorsqu’elle vient à être importunée ou décrit, avec elle, des cercles autour du nid. Une fois, vers 8h, le mâle avait rejoint le nid, la femelle , absente depuis un moment, fut soudain poursuivie par une Bondrée, elle revint aussitôt au nid en criant, les deux aigles veillèrent un moment sur le nid, puis le mâle s’envola pour repousser l’intrus, tan disque la femelle, debout sur le nid, regardait le spectacle. Une Cigogne Noire, qui se risquait trop près ne fut pas traitée autrement. Le petit épervier, qui nichait non loin, houspilla une fois son gros voisin mais, le plus souvent, se contentait de crier à son arrivée ce qui trahissait pour moi ce que je ne pouvais pas voir.
Charlemagne ( sic...) observa que les Circaètes ne font pas attention aux petits oiseaux, toutefois, ils ne laissent par la paix à un Geai avant d’avoir mangé les adultes et jusqu’au dernier jeune qui se trouvait au nid. ( N.D.T. Histoire peu vraisemblable, et aussi les suivantes. Il y a un doute sur le mot « adulte » Edlen dans le texte ) . Dans le sud de la France, les parents des bètes qui servent de proie aux Circaètes semblent houspiller ces oiseaux. Les Circaètes semblent ne s’occuper eux mêmes d’aucun de leurs voisins, qu’ils soient gros ou petits, sauf si leur nid semble en danger . Gawrilenko parle d’une bataille autour du nid avec des aigles (Schelladler) dont les Circaètes sortirent vainqueurs. Les Circaètes se comportent pacifiquement avec les Zwergadler qui nichent dans leur voisinage.
Les Circaètes étaient très confiants au voisinage du nid car ils n’étaient pas dérangés; heureusement il était rare que quelqu’un se risque dans leur voisinage. Quand les oiseaux étaient au nid, ils supportaient sans plus, mon approche de sorte que je pouvais observer l’oiseau d’en bas entrain de couver sans qu’il ne s’envole. D’après Prazak, il faut frapper fortement l’arbre pour que la couveuse s’envole; je n’ai jamais essayé. Quand ils découvrent un homme en terrain découvert, ils volent bas et l’accompagne jusqu’a ce qu’il disparaisse dans la haute foret.
Déja en 1933 les aigles avaient des arbres préférés sur lesquels se faisait la plus grande partie de leur trafic et du haut desquels ils pouvaient surveiller le nid d’une distance suffisante. L’arbre ou couchait le mâle était à 70 mètres du nid; là on pouvait le rencontrer, tôt le matin ou par les journées nuageuses même en fin de matinée, perché à mi hauteur, face à la femelle entrain de couver; comme cet arbre était sur mon chemin pour aller à la cachette, je devais attendre patiemment qu’il s’en aille. Même à la chaleur de midi, il arrivait qu’il soit sur son arbre; les déjections accumulées en dessous dégageaient un forte odeur lors de cet Eté très sec; j’y trouvais souvent des pelotes encore chaudes. plus tard cet endroit fut délaissé et le mâle couchait en un lieu inconnu. A peu près à la même distance ,il y avait un grand Pin, à la tète déchiquetée, sur lequel les deux adultes se perchaient volontiers; quand le mâle désirait observer quelques minutes, avant d’aller au nid ou alors monter la garde, ou bien si la mère trouvait le temps trop long auprès du jeune, ils allaient la haut ou la vue était étendue. Ce perchoir fut utilisé, jusqu’a fin Septembre, bien que les oiseaux ne fussent plus liés au nid; la mère y couchait dans les basses branches. La préférence des Circaètes pour les perchoir à vue étendue, au sommet de grands arbres est une spécialité qui a retenu l’attention d’autres observateurs : Prazak; par contre pour se protéger du mauvais temps, il choisit les branches inférieures.
Grâce à l’absence de tout dérangement inutile, on avait l’impression que la confiance était complète et le comportement non troublé. Souvent la femelle restait près du nid pendant des heures; elle regardait beaucoup plus vers l’étendue des sommets des arbres que vers l’observateur silencieux, puis elle faisait sa toilette en hérissant ses plumes ou en écartant ses ailes pour les exposer au soleil; les jours chauds, elle somnolait un peu ou dormait complètement la tète sous l’aile. au commencement d’une pluie ,elle retournait au nid et protégeait le jeune, parfois elle demeurait sur sa branche en regardant le jeune non protégé. Par temps pluvieux, elle présentait un spectacle étrange: les plumes de la tète se collaient en forme de poils lui donnant un aspect de « Igel » (?..). En 1935, quand je prenais des photos de très près,j’eus la chance d’observer un comportement plein de confiance, il suffisait de quelques branches entre elle et moi pour qu’elle reste tapie au fond du nid ...
Tels étaient nos rapports de voisinage au nid et la facilité de nos observations avec des oiseaux confiants; mais il faut avoir beaucoup de chance pour pouvoir les observer ailleurs et les voir chasser, même à moi, cela arriva rarement. Quand ils s’envolaient, ils se perchaient encore une fois avant de s’éloigner en me gratifiant d’une plume qui tombait comme pour m’enlever mes regrets.
L’ENTRETIEN DU NID
Très régulièrement la femelle , plus rarement le mâle, apportait des branches fraîches; cela arrivait le plus souvent vers 8h après le premier envol; elle volait vers son perchoir favori, descendait plus bas que la couronne et disparaissait un moment; alors j’entendais un craquement et elle apparaissait bientôt avec une branche verte d’épineux qu’elle déposait dans le nid ou elle la laissait tout simplement tomber ou l’introduisait soigneusement dans les branchages.
Lorsque je montai au nid en fin Juillet, une image inoubliable se présenta à moi: le jeune ,presque entièrement recouvert de plumes sombres, reposait sur un lit de verdure, la propreté était celle d’une table mise. Ainsi, une ou deux fois par jour, jusqu’au milieu d’Août, la femelle prenait soin de renouveler les branches vertes, ensuite ce désir de construction s’estompa et la propreté disparut, car le jeune se perchait sur les branches latérales du nid. Il est clair que le désir de construction, quand le jeune est petit est une question de propreté et aussi de solidité du nid.
Malgré les plus grandes précautions de ma part, on ne pouvait éviter d’inquiéter la femelle par quelque bruit et la faire envoler; habituellement,elle revenait déjà quelques minutes après, tout en s’étant assurée qu’aucun danger ne la menaçait et en apportant une branche nouvelle, cela se répétait ainsi quand la même chose s’était déjà produite un peu avant. J’avais nettement l’impression que c’était le dérangement qui déclanchait l’apport de la branche comme si, par cette action, elle augmentait la sécurité contre un danger inconnu, d’autant plus que maintes fois, sans dérangement, elle revenait au nid sans apporter de branche. Si on admet que le désir de construction est une forme du plus général désir de protection, on peut expliquer en partie ce comportement; il reste à démontrer jusqu’a quel point le degré de camouflage du nid chez l’Autour et la Bondrée peut trouver son explication dans la même
direction, c’est à dire ètre dépendant de rares ou de fréquents dérangements.
LA DUREE DE COUVAISON
Récemment, elle a été évaluée à 35 jours tan disque Gawrilenko indique 30 jours; mes calculs conduisent à adopter une durée de 7 semaines environ soit du 15 Mai au 20 Juin 1933 et environ du 30 Avril au 6 Juin 1934 et 1935.
Ce n’est pas de la sentimentalité de penser à éviter de déranger les oiseaux pour obtenir une précision sur ces dates, surtout quand les nids sont si rares; on n’a pas le moyen de s’assurer s’il y a un oeuf ou un jeune, il faudrait pour cela monter au nid chaque jour; déja les allers et venues au voisinage du nid causent du dérangement , alors que dire de l’escalade du nid suivie attentivement par les adultes. Si un oeuf ou un poussin est présent , les oiseaux n’abandonnent pas facilement mais il perd confiance comme le montrent justement les documents de Siewert et B Bery.
LE JEUNE
Le 6 Juin 1935, le jeune devait être éclos pourtant je n’ai pas remarqué de nourrissent ce jours là: la femelle mangeait, l’après midi sur un arbre, un serpent apporté par le mâle, ensuite elle retourna au nid; huit jours plus tard, le jeune faisait entendre sa voix; comme les étapes du développement coïncidaient bien avec celles des années précédentes, la date d’éclosion devrait coïncider aussi.
L’ASPECT EXTERIEUR
Les duvets courts de première couverture du poussin étaient blanc de neige quand je le vis pour la première fois rampant péniblement au fond du nid, quand il levait la tète, on voyait le gris-bleu du bec. Il demeura ainsi pas tout à fait quatre semaines, jusqu’au début de Juillet.
Sur les dimensions et structures de l’oeuf, on a assez de documents des pilleurs de pontes qui ne savent même pas la durée d’incubation. Pourquoi n’observe-t-on pas d’abord l’oiseau dans des conditions naturelles avant de faire des expériences de changement de son oeuf contre un oeuf de poule (Hilgert ) ?
Ensuite apparurent, sur le dos et les ailes, les premières plumes sombres; en même temps, l’iris blanc commença à se colorer, dans la 5° semaine, il était jaune-miel, les plumes qui l’entourent se développent et la tète parait plus grosse. La croissance faisait de rapides progrès.
Le 18 Juillet, c’est à dire à l’age de 40 jours, le partage des différentes couleurs sur le corps était déja visible, entre autres, le jabot rouille et les taches de même couleur sur le ventre et la poitrine. A la fin de la 7ème semaine, il semblait complètement coloré, le plumage du cou et de la tète était encore mince de sorte que la stature de la puissante tète était encore peu impressionnante; la couronne autour des yeux n’était pas encore complètement marquée ...
Ce n’est qu’après 9 semaines que le jeune était développé et il vola après 11 semaines.
Le plumage du jeune se différencie peu de celui des adultes, la couleur de base est un uniforme et clair brun-olive. La seule différence de dessin que je remarquai était dans les taches de la poitrine qui, chez le jeune étaient plutôt allongées, longitudinales et minces tandis qu’elles étaient plutôt transversales chez les adultes. Quand les adultes étaient contre le jeune, ils paraissaient plus gros et plus forts, le développement de leur duvet intérieur devait en ètre la cause.
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Chez le jeune Circaète, on ne voit à peu près rien de la chute des duvets remarquable chez les jeunes des autres rapaces; je ne voudrais pas en conclure qu’il n’a pas lieu. A partir du milieu de Juillet, il commence à se gratter les plumes ce qui lui prend une grande partie de la journée; quand les parents ne sont pas là, il passait son temps à se toiletter et à regarder en l’air et cela pouvait durer des heures. Tous les morceaux de plumes, il les avale, je l’ai remarqué plusieurs fois de sorte que la plupart des plumes de duvet seraient avalées avant de se disperser au vent. Quand le jeune était assez développé et qu’il pouvait atteindre les bords du nid avec son bec, il mangeait tous les gros duvets que sa mère avait perdus. Une fois parvenu à maturité, il lubrifiait son plumage, les plumes de la tète étaient lubrifiées de la manière suivante: la région de l’épaule était travaillée, puis, par des mouvements à peine croyables du cou, le dessus de la tète y était frotté.
Ces soins zèlés du plumage ne suffisaient pas et, après la pluie, le jeune présentait une image pitoyable avec son plumage collé.
LE NOURRISSAGE DU JEUNE
J’avais déja observé, les années précédentes, le nourrissage du poussin par la mère et remarque comment les adulte donnaient la becquée; lorsque le 23 Juin 1935 j’occupai pour la première fois mon nouvel observatoire, le jeune avait trois semaines; on le voyait à peine sauf quand sa tète blanche s’élevait au dessus du bord du nid; à ce moment là, la femelle nourrissait encore par becquée mais les morceaux commençaient à devenir plus gros; si le jeune ne parvenait pas à les maîtriser, ils étaient retirés et mangés par elle ou déchiquetés en morceaux plus petits; mais , après la fin de la troisième semaine, il avalait les couleuvres qui lui étaient présentées et ensuite je n’observai plus jamais de becquée.
L’extraction du serpent était souvent une opération mouvementée.
Le jeune crie et observe l’approche de l’adulte longtemps à l’avance et son agitation augmente quand l’oiseau se pose sur le nid; celui ci regarde un instant autour de lui pour se rassurer rapidement mais aussi parfois pendant plusieurs minutes, lorsqu’il ne l’avait pas fait précédemment sur un arbre; finalement, il saute au milieu du nid; le jeune, avide, se dresse et saisit quelque part le bout pendant de la queue du serpent, et commence à tirer tan disque l’autre cherche à libérer le serpent par des mouvements du cou, finalement celui ci parvient à la lumière du jour et gît au fond du nid. Cette opération se faisait souvent en quelques secondes et souvent si vite que ni les yeux et encore moins la caméra ne pouvaient le suivre mais elle pouvait aussi durer une minute ou plus. Je pense qu’une dégurgition rapide est en relation avec la façon dont le serpent est enroulé dans le gosier et aussi dans la mesure ou le serpent était privé de vie, car parfois il semblait tout à fait vivant.
Tous les serpents étaient avalés la tète première, c’était donc toujours la queue qui pendait du bec ou apparaissait la première à la suite d’éfforts de dégurgition pas toujours faciles et qui causaient à l’animal quelques difficultés désagréables. Quand le petit était encore faible et ne pouvait aider que faiblement à la dégurgition, l’adulte saisissait avec une serre le serpent et le tirait lui même longueurs par longueurs. Par la suite le jeune affamé, tirait si violemment sur le serpent que l’adulte ne pouvait suivre avec ses mouvements de déglutition et devait freiner avec sa patte cette traction qu’il ne pouvait plus supporter. Parfois le jeune tirait si fort que, pour garder l’équilibre, l’adulte devait s’arc-bouter les ailes largement ouvertes, d’autant plus que la traction du jeune était de travers de manière que le serpent n’accroche pas la pointe du bec et glisse sur le côté; ainsi la situation ressemblait au tirage d’une corde entre deux oiseaux. Habituellement le serpent restait un moment dans le nid le temps que le jeune se soit reposé de l’effort d’extraction et ait pris connaissance de la proie apportée. Pour l’adulte le travail était terminé et il restait à regarder tan disque le jeune, posé sur la nourriture, cessait de mendier et avait l’air de ne pas savoir par ou commencer. Après un moment d’immobilité, l’adulte se penchait, saisissait le serpent derrière la tète et le présentait au jeune. Il était surprenant de voir le jeune mendier même encore le jour ou il quitta le nid pour la première fois le 25 Août et quand bien même la couleuvre était devant lui, jusqu’a ce que l’adulte comprenne qu’il devait la lui tendre; pourtant j’avais déjà observé à fin Juin, quand il était âgé de 3 semaines, et les semaines suivantes, comment il prenait tout seul la proie et commencerait à l’avaler tète première après une recherche souvent longue. Concernant le mâle, moins attaché au nid, il s’envolait abandonnant le jeune à lui même, celui ci, assis face à la couleuvre regardait la place vide de son père comme pour implorer de l’aide pour ce difficile travail d’avaler un serpent, puis il regardait à nouveau la couleuvre en restant longtemps indécis, enfin il l’attrapait par la tète et commençait à l’avaler.
L’offre de nourriture au jeune mendiant fut observée chez les deux adultes; je ne comprends pas en tous cas que l’avidité du jeune ne déclanchait pas plus souvent l’action de saisir le serpent ou l’action des adultes de le lui donner. Les adultes restaient là, à côté,regardant autour d’eux ou ordonnant leur plumage et de temps en temps jetaient un regard furtif sur le jeune quand celui çi criait trop fort, comme s’ils ne comprenaient pas du tout de quoi il s’agissait tandis que d’autres fois, ils obtempéraient de suite aux prières du jeune. Quand le jeune fut plus gros, il se jetait, les ailes ouvertes, sur le serpent qui remuait encore, ceci à cause de l’habitude connue chez les rapaces de couvrir la proie. Cette habitude avait ici perdu son sens puisque ensuite le petit demandait aux parents de lui tendre la nourriture; elle n’avait de sens que pour l’avenir.
Brehm parle d’une extrême jalousie des oiseaux entre eux pour la nourriture; d’après les observations de Schnidt Bey, la convoitise s’étend même à d’autres oiseaux car il aurait vu un Circaète foncer sur un Corbeau qui avait attrapé un lézard.
Lorsqu’une couleuvre, pas complètement morte, est déposée devant le jeune et qu’elle n’est pas consommée aussitôt, il peut arriver qu’elle se cache dans les branches du nid pour réapparaître plus tard, ce qui expliquerait le fait de voir le jeune se mettre à manger sans apport par les parents.
Passons maintenant à la déglutition proprement dite. il engloutit le corps mou par des gestes en avant et en arrière, d’autant plus vite qu’il est moins gros et qu’il a été davantage imprégné de salive par les parents. On pourrait penser que le jeune devrait étouffer, quand , encore petit ,il avale une énorme couleuvre, mais il persévère imperturbablement, et lorsque la queue a disparu, il git épuisé; pendant encore longtemps il fait des gestes et des efforts de compression sur le serpent qui continue à bouger dans son jabot. Je n’ai pas remarqué ,comme Bau et Shuster , une morsure du bec et une blessure à la colonne vertébrale à chaque étape de l’ingurgition, au contraire la pointe du bec est tenue relevée. Quand les adultes libèrent du serpent c’est sur le côté et quand il le retienne ce n’est pas en le piquant avec la pointe du bec. Plus tard , quand le jeune est presque adulte, l’ingurgition est plus facile; haut dressé sur le nid, on peut suivre toutes les phases de l’opération qui mobilise toute son attention de sorte que même en faisant du bruit , on ne peut pas obtenir de pause pour faire une photo. Enfin la queue du serpent ayant disparu dans le bec, la salive, abondamment prodiguée, coule où elle peut en longs filaments.
Après encore quelques violentes torsions du cou, le jeune est à nouveau tout yeux et oreilles pour son entourage; il peut se nettoyer le bec par frottement contre une branche. La digestion se manifeste par de longs et fréquents baillements, mouvements du cou et ouverture du bec. Il arrive cependant souvent qu’une deuxième couleuvre soit avalée en un quart d’heure; le mystère anatomique de la constitution du jabot, mériterait une étude interne; rien n’a été rapporté à ce sujet.
A propos du nombre de serpents consommés, pendant les deux premières semaine ,je ne peux rien dire; ensuite , bien que le mâle apporte jusqu’a 3 serpents par jour, la femelle en mange la plus grande partie; ce n’est que plus tard, quand le jeune mange seul qu’on peut évaluer à au moins trois couleuvres moyennes ou grosses la ration de chaque jour pendant la période de croissance entre la 4° et la 9° semaine.
Comme le ravitaillement dépend fortement des conditions météorologiques, le nombre des couleuvres apportées oscillait entre trois et cinq, même pendant les dernières 3 semaines du jeune au nid; le jours même de son envol ce nombre de trois fut atteint.
Jamais je n’ai vu le jeune recevoir de petit serpent, la plus courte longueur était 40 cm et la plupart mesuraient bien plus. Bien qu’on ne puisse pas évaluer mathématiquement le poids d’une couleuvre d’après sa longueur une estimation approchée donne le poids de 50 g pour une couleuvre de 50 cm de long; en évaluant le poids moyen à 40 g, comme le jeune , dans les 80 jours de sa vie au nid, en a reçu environ 200, cela représente un poids de 8 kg de serpent pour obtenir un poids de l’oiseau de 2 Kg; il faut donc quatre fois plus de nourriture, cela parait beaucoup si on compare ce chiffre à ceux donnés par Heinroth pour les autres rapaces.
Deux observations me laissent à penser que le jeune fut aussi ravitaillé en liquide (eau ou salive ). A midi, le 8 Juillet, j’avais remarqué qu’il était agité et haletant bien qu’il fasse un temps frais et humide. Après avoir mangé à 13h45 une couleuvre apportée par le mâle, l’adulte qui se trouvait devant lui se pencha et saisit avec le bec largement ouvert, le bec du jeune ouvert et engagé dans le sien, ils demeurèrent ainsi un instant. La mère fit de même le 30 Juillet; je pense qu’il s’agissait de boisson.
J’ai déja parlé des pelotes de réjection des adultes, qu’en est il pour le jeune ?
Contre toute attente, je n’ai trouvé aucune trace de pelote sous le nid bien que les ayant cherché souvent; j’espérais en trouver beaucoup lors d’une escalade au nid le 28 Juillet; à mon grand étonnement, je ne trouvai rien ni dans les branches du dessus ni dans celles du dessous soulevées avec précaution. Comme je m’étais déjà assis plus de 100 heures assez près du nid, j’aurais du voir au moins une fois le rejet des résidus de 100 couleuvres ingurgitées. En Août, je ne vis ni ne trouvai quoique ce fut qui puisse permettre de conclure au rejet de pelotes. Ce n’est que quelques jours avant l’envol du jeune que je réussis à observer la restitution d’une pelote précédée, pendant plusieurs minutes par des mouvements du cou et à photographier l’image de ce malheureux jeune en difficultés; après cette découverte ,il faut admettre que, pendant au moins les 8 premières semaines, les serpents sont digérés sans résidus, peut être à cause des forts besoins imposés par la croissance des plumes et que plus tard , lorsque la croissance est terminée, les pelotes apparaissent; je n’ai rien trouvé d’écrit au sujet d’une telle chimie du plumage.
En fouillant dans le nid , après l’envol du jeune, je trouvai quantité de déchets, d’écailles et de restes d’insectes (ailes) qui provenaient de la nourriture des couleuvres, il s’agissait sûrement de pelotes pulvérisées rejetées seulement pendant la dernière semaine au nid. Comme chez les autres rapaces , la digestion est si complète qu’il est rare de trouver dans les pelotes des restes de colonne vertébrale.
Les déjections blanches ou grises restaient accrochées aux branches et peu avaient atteint le sol.
AU SUJET DE LA VIE AU NID DU JEUNE
Pendant les premières semaines de sa vie, le jeune était couvé par sa mère pendant des heures; il ne bougeait que pour mendier de la nourriture ou de la protection ou pour excrémenter. Ensuite vint le temps ou je pouvais mieux l’observer car sa vie était plus indépendante, il grossissait rapidement et dépassait davantage au dessus du nid et ainsi, je pouvais mieux suivre ses progrès intellectuels et corporels. La mère restait au nid la nuit jusque dans le deuxième tiers de Juillet et ne le quittait que vers 7 ou 8 h et revenait bientôt avec une branche fraîche, elle quittait ensuite jusque vers 9h puis revenait se percher en haut et faisait toilette, mais bientôt, elle avait faim et baillait et baillait sans cesse; c’était le moment ou le mâle apportait à manger par temps correct; le jeune était de plus en plus agité, mendiant sans cesse doucement en criant et regardant ça et là, jouant avec les branches; alors un adulte se montrait quelque part et son regard le suivait. Maintenant cet adulte a du se percher, le jeune crie, alors après quelque temps l’adulte se dirige vers le nid et le jeune crie de plus en plus; un bruissement d’aile et voici l’adulte posé au bord du nid, pendant une seconde, les ailes , d’un blanc brillant, s’illuminent au soleil mais déjà s’abaissent.
Vous savez la suite qui a été déjà décrite...
FIN DE LA TRADUCTION
Supplément paru dans la même revue dans le numéro de Septembre 1942
( donc pendant la guerre )
Depuis mon précédent article, 6 années se sont écoulées pendant lesquelles j’ai consacré aux Circaètes 60 journées.
En 1936 le premier fut aperçu le 12 Avril, il tournait juste au dessus du premier nid de 1933 en faisant un jeu aérien qui rappelait celui de la bondrée avec « battement d’aile en haut » ( N.D.T. il s’agissait du vol en festons ) et cri plaintif ...
Le 3 mai, je trouvai un nid à 400m de celui des années précédentes à 18 mètres de hauteur...